concentration golf

Savez vous vraiment comment fonctionne la confiance tennis ?

Dans le monde du sport, lâcher prise est une expression couramment utilisée par les entraîneurs à l’intention de leurs joueurs.Ça serait bien que tu te lâches, que tu lâches prise ! Disent-ils fréquemment. Mais que faut-il donc lâcher ?

Le problème est que les expressions comme « lâcher prise » ou « concentre toi », si elles font partie du « pathos » du développement personnel, restent néanmoins très mystérieuses.Bien qu’une grande majorité de personnes sache confusément de quoi il retourne, (c’est en général assimilé à être Zen ou être détendu), il y a peu de gens qui peuvent nous expliquer ce qu’est lâcher prise, comment réussir à faire cela, et à quoi cela pourrait bien servir ?

Voyons cela de plus près ?Dixit le dictionnaire, lâcher, signifie cesser de tenir et le mot prise vient du verbe prendre. Il semblerait qu’il faille, en lâchant prise, cesser de tenir la prise. Cesser de tenir ce que nous prenons.

Mais que prenons-nous que nous aurions besoin de lâcher ?Dans le sport le mot « prise » est bien représenté. Il y a la prise de judo, la prise de l’alpiniste, la prise de tennis. Au golf on dit « grip » ce qui revient à peu près au même avec, toutefois, une connotation plus ferme. Grip fait référence au verbe agripper, voire s’agripper. Oups ! Pas simple, apparemment, de lâcher ce à quoi on s’agrippe !

Une première piste afin de lâcher prise au tennis serait de, non pas lâcher la raquette, mais cesser de s’y agripper comme si nos vies en dépendaient. C’est le raisonnement qu’ont les bons entraîneurs qui vont passer un temps infini à apprendre à leurs joueurs à ne pas serrer trop la main sur le manche.

Lâcher prise signifierait, donc, relâcher les mains et par extension relâcher le corps. Ceci est une très bonne idée : relâchez les mains, le corps se relâchera du même coup et vos coups seront, automatiquement, bien meilleurs. C’est imparable. Le souci est que peu de joueurs réussissent cette prouesse. Tout le monde n’est pas Roger Federer ou Gaël Monfils malheureusement.

Croyez-moi, s’il ne s’agissait que de desserrer les mains sur la prise, on n’en parlerait plus depuis longtemps.Y aurait-il autre chose qu’on souhaiterait ne pas lâcher ? Et pourquoi les joueurs de tennis tiennent-ils tant à serrer leur raquette ?La raison est simple : ils croient qu’ainsi la raquette ne fera pas n’importe quoi, ni dans l’espace, ni à l’impact. Ainsi, pensent-ils, ils obtiendront plus de contrôle.

Ceci est une croyance bien ancrée chez la plupart des joueurs : si je réussis à bien tenir ma raquette en pensant consciemment à son trajet dans l’espace, et particulièrement dans la zone d’impact avec la balle, je serai à même de bien contrôler mes gestes et je deviendrai un meilleur joueur !

Pour devenir bon, je dois contrôler mes gestes en y pensant. Et cela suppose que je dois bien serrer ma raquette !De là à la serrer trop, il n’y a qu’un pas !Ceci est une grave erreur et une énorme méconnaissance du fonctionnement du cerveau humain. Le contrôle ne s’obtient, malheureusement, pas par le contrôle conscient mais, au contraire, en laissant faire le cerveau inconscient, en lâchant prise justement.

Lâcher-prise, c’est laisser faire son inconscient. Ne pas intervenir consciemment.

Nous y voilà, la raison pour laquelle les joueurs éprouvent le besoin de contrôler leurs gestes, est qu’ils n’ont pas la moindre confiance dans leur capacité à réussir sans contrôle.

Ceci obéit à une autre croyance :Si je ne pense pas à contrôler mes gestes, j’oublie de faire ce que je dois faire !Pourtant, ces mêmes joueurs, lors de gestes quotidiens professionnels, parfois beaucoup plus complexes, n’éprouvent jamais le besoin de contrôle conscient.J’ai ainsi travaillé avec un chirurgien spécialiste de l’oeil qui passait son temps à essayer de contrôler ses gestes au tennis mais qui, lorsqu’il opérait, ne pensait strictement à rien alors que l’oeil de son patient dépendait entièrement de son habileté technique.« A quoi voudrais-tu que je pense quand j’opère ?» disait-il !

« A cet instant, il ne se passait absolument rien dans ma tête »Pete Sampras (ace sur deuxième balle pour gagner Wimbledon 1999)

Peut-être est-ce beaucoup plus facile d’opérer un oeil que de frapper une balle en coup droit ? Je ne le pense pas ! Tout est affaire de confiance. Cet homme avait une absolue confiance pour opérer, et une confiance proche du néant pour jouer au tennis. Voilà tout.

Lâcher prise est donc intimement lié à la confiance.Ceci étant dit, comprenez bien que la difficulté réside là et nulle part ailleurs. En effet, pour lâcher prise il est essentiel que vous ayez confiance dans votre capacité à réussir. Mais, pour réussir, il faut impérativement que vous lâchiez prise.

Vous voyez l’embrouille ! C’est le serpent qui se mord la queue. Et c’est pourquoi il est vain de demander à quelqu’un de lâcher-prise. Ceci est d’autant plus critique, que ce qui se joue en souhaitant qu’une personne peu confiante lâche prise va bien au-delà de la simple réussite au tennis.

De manière générale, les joueurs qui ne se lâchent pas sont, pour la plupart victimes d’un cheminement mental qui consiste à penser que s’ils réussissent au tennis, leur confiance en eux grandira. Ils pensent, aussi, qu’avec cette confiance chèrement acquise, ils verront leur valeur grandir grâce à laquelle ils obtiendront de la reconnaissance et pour finir se sentiront exister.

Vous voyez l’enchaînement. C’est la marelle des bénéfices escomptés : je joue bien au tennis je gagne des matches, je prends confiance, je prouve ma valeur, je suis aimé, je suis quelqu’un car je joue bien.

Il y a dans le lâcher-prise une idée d’abandon, et c’est justement cette marelle qu’il faut abandonner.

Croire qu’on obtiendra confiance grâce au succès, est malheureusement un leurre. Car les personnes qui croient cela croient immanquablement l’inverse. Si je rate je perds confiance ! Ce qui fait que leur confiance ne grandit jamais. Le peu de confiance tennis obtenu avec le succès s’évapore vite avec l’échec qui suit.

La confiance tennis doit se travailler à l’entraînement : elle précède obligatoirement le succès. Sans confiance tennis, pas de succès !

D’autre part, la valeur et l’existence d’un être humain ne se mesurent pas à sa capacité à taper correctement dans une balle. Il y a des gens très bien qui ne jouent pas au tennis tout autant qu’il existe des personnes formidables qui jouent très mal. Et je connais personnellement des joueurs extraordinaires qui sont de piètres êtres humains.

Commençons donc par penser que ceci est beaucoup trop lourd à porter. Le tennis n’est, avant tout, rien d’autre qu’un jeu.Le meilleur moyen pour lâcher prise, lorsqu’on joue à un jeu est de se « foutre » des conséquences, bref de ne pas se préoccuper du résultat pour ne se consacrer qu’à ce que nous devons faire pour jouer correctement. Cela signifie être plus intéressé par le chemin qui mène au résultat que par le résultat lui-même.

Résultat qui, soit dit en passant, n’offre que peu d’intérêt en comparaison avec le plaisir de jouer. Surtout si vous n’êtes pas un joueur professionnel qui a besoin de payer son loyer.

Le grand truc pour s’approcher d’un lâcher-prise au tennis consiste à se donner un véritable droit à l’erreur et de ne porter notre attention que sur ce que nous pouvons contrôler. La question à se poser est celle ci : qu’est-ce qui ne dépend que de moi au tennis, sur lequel je peux réellement exercer un contrôle total ?

Si vous pensez que ce qui suit est contrôlable, ne vous étonnez pas d’avoir des difficultés à comprendre ce que lâcher-prise veut dire : la technique, les conditions extérieures, la gagne, ce que font vos adversaires, le vol de la balle, les rebonds, etc.……

Rien de tout cela n’est réellement contrôlable. Alors, que reste-il ? Pas grand chose en réalité. Les seules choses que vous pouvez contrôler sont vos états émotionnels et vos décisions (choix de cibles, options de jeu, routines, acceptation de la situation).Bref, ce qui se passe, dans votre tête, avant et après avoir frappé la balle. Il n’y a rien d’autre.

Lâcher-prise consiste à abandonner l’illusion que vous pouvez avoir une quelconque influence sur des choses sur lesquelles vous n’avez aucun contrôle afin de porter votre attention là ou vous pouvez être efficace. Cela consiste pendant l’échange à n’avoir en tête que l’endroit où voulez envoyer la balle.